Rapport de vendanges 2021
L'hiver 2020 fut clément. Au mois de février on vit un retour du froid qui retarda la montée de sève. Dans la vigne un beau temps sec s'installa qui permit de faire tranquillement et parfaitement tous les travaux d'hiver. Nous étions en avance partout. Le débourrement commença un peu plus en retard que les dernières années, fin mars. Tout allait donc très bien en ce début de saison. Mais c'était sans compter avec la nature qui nous préparait l'une de ces leçons qu'elle se charge régulièrement de nous donner.
Les 6, 7 et 8 avril des gelées nocturnes de type hivernal sont venues frapper le vignoble - attaque couronnée par une forte averse de neige pendant la nuit du 7 qui humidifia les bourgeons et les offrit sans défense à la gelée. Les dégâts furent extrêmement importants sur toute la Bourgogne.
Sur Vosne-Romanée, nous avons perdu globalement, si l'on prend toutes nos appellations, une demi-récolte. Nos vignes en Côte de Beaune ont été encore plus touchées : en Corton rouge, nous perdons les quatre cinquièmes d'une récolte normale, en Montrachet et en Corton-Charlemagne 90%.
La suite de la saison n'allait pas être meilleure avec un printemps extrêmement pluvieux et plutôt chaud qui a fait pousser la vigne avec une rapidité jamais vue. Les travaux de relevage, d'ébourgeonnage et d'accolage en furent extrêmement perturbés, notre équipe ayant beaucoup de mal à suivre le rythme imposé par ces conditions météo hors normes saisonnières.
Les maladies ne manquèrent pas d'apparaître : mildiou et surtout oïdium qui se manifesta de manière inhabituellement agressive dès le mois de mai et jusqu'aux vendanges. Le botrytis ne fut pas en reste, apparaissant dès le mois de juillet, mais contenu heureusement par des températures peu élevées.
Au mois de septembre le temps pluvieux persista, mais s'améliora peu à peu et nous avons eu la chance de vendanger par beau temps, du 23 septembre au 2 octobre, une vendange certes blessée par le gel et les maladies et qui a donc demandé un tri « haute couture », mais dont la maturité fut finalement satisfaisante.
De cette pénible saison résultent des rendements qui sont parmi les plus faibles que nous ayons connus depuis 50 ans :
- à Vosne-Romanée, globalement 15hl/ha environ, mais avec des situations différentes : la Romanée-Conti par exemple et le Grands-Echezeaux nous ont donné des rendements de 22 à 23hl/ha, les autres appellations par conséquent nettement moins.
SOCIÉTÉ CIVILE DU
DOMAINE DE LA ROMANÉE-CONTI
- en Corton rouge le rendement est de 4,5hl/ha. Même rendement exactement en Corton- Charlemagne.
- en Montrachet, au lieu de 10 pièces en moyenne, nous en avons produit 4, soit un rendement de 7hl/ha.
En conclusion un millésime qui nous a demandé autant de travail et d'efforts que n'importe quel autre, sinon plus si l'on prend en compte entre autres les trois nuits passées à allumer les bougies et à se battre contre les gelées, mais cela fait partie de la vie du vigneron. Satisfaction néanmoins : la qualité des vins est bonne. On retrouve un style proche de ce que l'on produisait autrefois dans les années 1970/80, c'est-à-dire des vins moins puissants, mais en contrepartie plus fins, plus délicats et élégants que les derniers millésimes plus riches et opulents issus de vendanges très mûres. Il reste à espérer que la vigne qui aura produit cette année dans la douleur certes, mais peu, voudra se rattraper l'an prochain et nous donner l'une de ces belles récoltes qui comble le cœur du vigneron.